Plone
Victor Hugo - Romantique
Victor Hugo (1802-1885), poète, dramaturge, romancier, essayiste, est l’un des plus importants écrivains français. Chef de file du mouvement romantique en France, c’est aussi un homme politique, un « intellectuel » engagé dans l’histoire de son siècle et dont l’influence considérable dure toujours.
Il a pratiqué tous les genres littéraires.
Poète extrêmement fécond, lyrique avec des recueils comme Odes et Ballades (1826), Les Feuilles d’automne (1831) ou Les Contemplations (1856), mais aussi satirique dans Les Châtiments (1853) ou encore épique avec La Légende des siècles (1859 et 1877).
Romancier, il publie neuf romans et rencontre un grand succès populaire avec Notre-Dame de Paris (1831), et plus encore avec Les Misérables (1862).
Dramaturge, il expose sa théorie du drame romantique dans sa préface de Cromwell en 1827 et l’illustre principalement avec Hernani en 1830, Le Roi s’amuse en 1832, Lucrèce Borgia et Marie Tudor en 1833, et Ruy Blas en 1838, une quinzaine de pièces au total.
Son œuvre multiforme comprend aussi des discours politiques à la Chambre des pairs, à l’Assemblée Constituante et à l’Assemblée Législative, par exemple en faveur de l’instruction du peuple, contre la peine de mort, pour l’idée des États-Unis d’Europe. Il a rédigé des récits de voyages (Le Rhin, 1842, ou Choses vues, posthumes, 1887 et 1890), et une abondante correspondance.
Il est également l’auteur d’une œuvre graphique considérable, des dessins à l’encre de Chine d’une puissance et d’une originalité exceptionnelles, et le concepteur de meubles de style néo-médiéval à son usage personnel. Il s’est passionné pour l’art photographique, et pour le spiritisme après la mort de sa fille Léopoldine, et a développé une religion toute personnelle en dehors de toute Église.
Né à Besançon le 26 février 1802, il est le troisième fils d’une mère nantaise, Sophie Trébuchet, et d’un père lorrain, Joseph Léopold Sigisbert Hugo, alors commandant, qui deviendra général et comte d’Empire. Les relations du couple sont excessivement orageuses. Ses frères Abel (1798-1855), Eugène (1800-1837), et lui viennent vivre à Paris avec leur mère de 1804 à 1807, puis à Naples, et reviennent à Paris en 1809. Le temps heureux passé jusqu’en 1814 au couvent des Feuillantines dans le Val de Grâce laissera à l’enfant de précieux souvenirs, ainsi qu’un voyage d’un an en Espagne (1811-1812), dont il rapporte des impressions ineffaçables. Sa mère entretient une liaison avec le général d’Empire Victor Fanneau de la Horie, parrain et précepteur de Victor Hugo, auquel elle a donné son prénom. Les enfants grandissent dans une totale liberté. C’est vers 1815, à treize ans, que Victor Hugo commence à versifier. Autodidacte, c’est par tâtonnements qu’il apprend la rime et la mesure. Âgé de quatorze ans à peine, en juillet 1816, il note sur son journal : « Je veux être Chateaubriand ou rien ».
En 1817, il participe à un concours de poésie organisé par l’Académie Française sur le thème Bonheur que procure l’étude dans toutes les situations de la vie. Sur le point de lui adresser le prix, le jury croit à un canular à cause du titre de son poème « Trois lustres à peine » : il reçoit seulement une mention. Il concourt sans succès les années suivantes, mais obtient des prix aux concours organisés par l’Académie des jeux floraux de Toulouse en 1819 et en 1820.
Victor Hugo abandonne les cours des classes préparatoires à Polytechnique (suivis au lycée Louis-le-Grand de 1815 à 1818 sur l’injonction de son père), pour se consacrer à la carrière littéraire. Avec ses frères Abel et Eugène, il fonde en 1819 une revue, Le Conservateur littéraire, qui attire l’attention sur son jeune talent. De conviction catholique (bien que non baptisé) et monarchiste (sous l’influence de sa mère), il cherche le soutien de Chateaubriand, qui verra en lui un « enfant sublime ». Son premier recueil de poèmes, Odes, première version des Odes et Ballades, paraît en 1822. Les quinze cents exemplaires s’écoulent en quatre mois. Le roi Louis XVIII lui octroie alors une pension annuelle de mille francs, ce qui lui permet d’épouser son amie d’enfance Adèle Foucher (née en 1803), le 12 octobre 1822.
Ils auront cinq enfants : Léopold (16 juillet 1823 - 10 octobre 1823) ; Léopoldine surnommée « Didine » (28 août 1824 - 4 septembre 1843) ; Charles (4 novembre 1826 - 13 mars 1871) ; François-Victor (28 octobre 1828 - 26 décembre 1873) ; Adèle (28 juillet1830 - 21 avril 1915), la seule qui lui survivra, mais internée dans un asile à partir de 1872.
Ce mariage déclenchera la folie de son frère Eugène, probablement schizophrène, qui restera interné jusqu’à sa mort en 1837.
Sa pièce Cromwell, publiée en 1827, le propulse à la tête du mouvement romantique. En 1830, c’est la « bataille d’Hernani », première représentation de son drame Hernani, au cours de laquelle, ses partisans, les « Jeune-France », et les « perruques », tenants du classicisme, en viendront aux mains.
Sa femme Adèle développe une relation amoureuse avec Sainte-Beuve à partir de l’année 1831.
En 1833, Victor Hugo rencontre l’actrice Juliette Drouet, qui devient sa maîtresse. Elle lui consacrera sa vie et le sauvera de l’emprisonnement lors du coup d’État de Napoléon III. Elle sera la plus importante parmi ses nombreuses maîtresses, l’accompagnera (il l’installera chaque fois dans une maison du voisinage) dans ses lieux d’exil, et lui demeurera fidèle jusqu’à sa mort en 1883.
Le 7 janvier 1841, Victor Hugo est admis à l’Académie Française. Le 4 septembre 1843, sa fille bien-aimée Léopoldine se noie dans la Seine avec son jeune mari Charles Vacquerie, à Villequier, près du Havre. C’est un choc terrible dont il ne se remettra jamais. En 1845 il est nommé pair de France par le roi Louis-Philippe. Ce n’est qu’après la révolution de 1848 qu’il se rapprochera des républicains. Il est déjà, depuis 1829, un farouche opposant à la peine de mort. Et dès 1845 il commence l’écriture de son grand roman Les Misérables, qui ne sera publié qu’en 1862.
En 1852 le poète est expulsé de France à cause de son opposition à Louis-Napoléon Bonaparte. Victor Hugo vit à Bruxelles avec sa famille puis dans l’île de Jersey en 1852. Chassé de Jersey en 1855 pour avoir critiqué la reine Victoria, il s’installe à Guernesey dans la maison d’Hauteville House. Il fait partie des quelques proscrits qui refusent les amnisties proposées en 1859 puis en 1869. Ces années difficiles sont très productives. Son épouse Adèle décède le 27 août 1868 à Bruxelles. Victor Hugo rentre à Paris en 1870 après la défaite de Napoléon III à Sedan.
En février 1871 il est député de Paris à l’Assemblée Nationale repliée à Bordeaux depuis le siège de Paris, mais démissionne en mars. Pendant la Commune, qu’il désapprouve, il est à Bruxelles pour la succession de son fils Charles mort d’apoplexie, et proteste si vivement contre la répression de la rébellion qu’il est expulsé de Belgique. Son fils Charles a laissé deux enfants, Georges et Jeanne, qui trouveront en lui un grand-père exemplaire. En 1873 son second fils François-Victor est atteint de pneumonie et meurt à son tour. En 1876, élu sénateur, Victor Hugo continue à écrire. Il meurt d’une congestion pulmonaire à Paris le 22 mai 1885. La Troisième République a honoré ce personnage emblématique par des funérailles nationales, et un cortège gigantesque a accompagné le transfert de sa dépouille au Panthéon le 31 mai 1885, dans le « corbillard des pauvres », conformément à sa volonté.
Biographie rédigée par Anne-Marie Désert et publiée sous Creative Commons by-sa 3.0